L’histoire d’une image : La rencontre de Bénédicte Vivier

Voilà ! Enfin quelques minutes pour envoyer ma photo « coup de coeur » !

Il a aussi fallu un peu de temps pour la retrouver, car il s’agit d’une diapositive !

Lorsque l’on a parlé de choisir « sa » photo coup de coeur, j’ai immédiatement repensé à  cette photo que j’intitule « La rencontre ».

Cette photo a été prise en 1999. Lorsque j’ai retrouvé la diapositive au milieu d’une dizaine de chargeurs, mon souvenir photographique n’avait pas changé. Cette image était vraiment ancrée dans ma mémoire. Que de souvenirs !

Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons. Lorsque j’ai rencontré ces enfants à Madagascar (Akamasoa), c’était une véritable découverte pour moi :  un nouveau continent, une nouvelle culture et une autre façon de vivre. C’est la façon de vivre qui m’a le plus touchée. Il m’a d’ailleurs fallu plus d’un mois pour me remettre de cette magnifique aventure.

L’exploit, pour moi, était de réussir à photographier des enfants. Bizarrement, j’ai toujours éprouvé des difficultés à photographier les personnes. Cette rencontre m’a donc renforcée dans la démarche de photographier l’Autre.

De plus l’expression de cet enfant m’a toujours marquée. Il s’était isolé pour manger son assiette de riz.

Voilà, c’était l’histoire d’une rencontre qui est restée intacte dans ma mémoire.

Photo « gros coup de coeur » et petit reflet de moi !

Bénédicte Vivier, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’une image : une photographie de Michel Malingrez

Par un ciel d’été plus ou moins gris (une couleur propre à notre climat qui ne met pas l’esprit d’humeur à considérer les êtres humains avec optimisme),  je me promenais dans la campagne, à l’affût d’une vue qui plairait tant à mon esprit qu’à mon cœur.

J’entendis soudainement un mugissement de souffrance qui allait de pair avec la couleur grisâtre du ciel se reflétant dans la lumière du paysage. Mon regard fut aussitôt attiré par une vache dans une prairie, près du sentier où je déambulais.

Intrigué, j’observai la vache et  compris l’origine de ces mugissements longs et répétés en voyant  son pis gonflé et prêt à exploser. L’heure de la traite était passée.

Le fermier n’était donc pas venu la chercher afin de pratiquer cette opération vitale pour l’animal qui cède volontiers son lait pour notre bien à tous.

Ce spectacle racontait une histoire et l’envie me prit de l’immortaliser par une photo, mais, à ce moment précis, j’étais démuni du point de vue des possibilités techniques.

Mon réflex était en réparation et je ne disposais donc que d’un appareil compact Pentax.  Les possibilités de réglage de la distance, de la lumière, du contraste et des couleurs sont plus que limités.

Je décidai de tenter le coup et vous pouvez contempler ci-joint le résultat photographique malgré des conditions de lumière peu idéales.

J’espère que cette photo  vous plaît tant du point de vue esthétique que du point de vue émotionnel.

Entre nous, l’agriculteur devrait être sanctionné pour négligence, surtout que je n’ai plus jamais revu cette pauvre vache…

Michel Malingrez, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’ une image : photographie de Francis Descotte

 

Expliquer pourquoi l’on a pris une photo n’est pas toujours évident. Pourquoi a-t-on déclenché à ce moment-là et pas plus tôt ou plus tardivement ?

Lorsque l’enfant souffle les bougies sur son gâteau,   ce moment  est attendu par tous les photographes qui veulent immortaliser un instant de bonheur. Et donc tout photographe avisé reconnaîtra que ce moment est évidemment l’instant à saisir pour prendre la photo, car l’action, les mimiques et toute une série de choses sont au rendez-vous, ce qui fait que les photographes du monde entier ne la manqueraient sous aucun prétexte.

Par contre les photographes les plus subtils vous diront que le meilleur moment est peut-être à situer avant que l’enfant ne souffle, car, très souvent, cet instant laisse une place un peu plus grande à l’histoire qui se déroule. Chacun pourra alors imaginer ce qu’il voudra. L’enfant a réussi à éteindre les bougies ou non,  et tout ce que l’on peut supposer…

Bref, si la première photo est un récit, la deuxième photo devient un roman… Lorsque je compose un roman, photographiquement parlant, je prends une image parce que je perçois que c’est le moment de le faire, mais je ne sais pas toujours où cette action m’amènera.

La photo que je présente ici a été réalisée à l’aide de mon nouveau Fuji X100 que je testais pas loin de chez moi. J’ai ressenti  qu’une histoire était en train de se préparer et qu’il fallait que je sois moi-même prêt à la capter. Je ne connaissais pas cette histoire.  J’avais seulement envie de l’inventer parce que devant moi se trouvaient tous les éléments essentiels à la composition de mon  roman  à savoir la scène, les acteurs et l’atmosphère. En somme, comme le dirait Gilles Durvaux, il y avait du potentiel…

Il est fort probable qu’au fond de moi-même, avec les années, sans que je ne m’en rende réellement compte, mon esprit est appelé à réagir face à certains stimuli photographiques. Il en découle alors un roman ou un récit.

Je dois avouer que, pour une fois, j’aime ma photo (ce qui est rare chez moi ! ) et donc mon roman  parce que, la chance aidant, il ne m’ a fallu qu’un déclenchement pour mettre les éléments en place : les personnages sont, pour moi, là où ils devaient être, le plus éloigné étant  énigmatique de par sa forme. Il me semble que l’atmosphère sombre, le contre-jour  face à un  « restant de lumière et de couleur » amène ce qu’il faut pour que l’on ait envie de poursuivre soi-même l’histoire qui est en train de se dérouler. J’ajoute tout de suite que, techniquement parlant, je n’ai  que sous-exposé la scène. Les couleurs sont devenues ainsi  plus saturées.

Je voudrais terminer en insistant sur le fait que ce roman, je l’écris d’abord pour moi. Cela explique peut-être pourquoi je continue encore à croire en mes possibilités photographiques, car j’arrive encore à me faire rêver et imaginer.

Mon roman s’ intitule « Abordage ».

Définition d’abordage : assaut d’un navire à un autre, collision, action d’atteindre un rivage, d’aborder…

Francis Descotte, Président du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’une image : photographie de Gilles Durvaux

« Octobre 2009. Depuis des mois, nous parcourons les Forges de Clabecq, un site sidérurgique voué à la démolition, en vue de le photographier en profondeur afin qu’il ne disparaisse pas complètement. C’est un dimanche après-midi d’octobre 2009. Le temps est instable et souvent changeant, mais la lumière est belle et ajoute une touche de tragique sur ces lieux désolés. Après avoir passé une journée à réaliser des photos sur le site, nous attendons que le garde vienne nous ouvrir la grille, ce qui nous permettra de quitter les lieux. Il arrivera dans un quart d’heure, vingt minutes.

Me reste alors un peu de temps pour réaliser un ou deux clichés. Des énormes tas de ferrailles trônent sur une esplanade lunaire et faisant face à cette usine qui vit ses derniers temps. Je m’avance et découvre de gros engrenages. Ceux-ci symbolisent la révolution industrielle, le machinisme, l’avènement de la mécanique. Mais toutes ces pièces sont brisées, écorchées, arrachées. A l’arrière-plan, nous découvrons les trois hauts fourneaux des Forges qui attendent leur fin inéluctable. Tout d’un coup, le ciel s’assombrit en se chargeant de nuages noirs.

J’ai là devant moi la conjonction de trois éléments forts : Les engrenages brisés et l’industrie lourde qui disparaît, comme un au revoir tragique à l’ère industrielle et au-dessus de tout cela, un ciel menaçant, symbolisant les temps incertains d’une ère postindustrielle que l’on dit instable et précaire. Juste à l’inverse de la période industrielle… J’ai trouvé qu’il y avait dans cette scène quelque chose de prémonitoire et que la photo que j’en prendrais le représenterait bien. »

Gilles Durvaux, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles

L’histoire d’une image : Mon Papa est pêcheur de Jean-Marie Vandermueren

« J’ai pris cette photo un samedi matin  au mois de mai 2010  à Marchienne Docherie.

C’est le long du canal Charleroi-Bruxelles que j’ai rencontré cette famille qui pêchait.

Lorsque j’ai demandé si je pouvais la prendre en photo, le père  accepta sans problèmes et semblait même un peu fier  de voir que je m’intéressais à  ce qu’il faisait et à sa famille.

La mère ne dit rien, mais  pointait du doigt son gamin en  me regardant comme pour  me dire que c’était surtout son fils  qu’il fallait prendre en photo.

J’aime  cette photo  tout simplement parce qu’elle représente la joie de vivre et une immense tendresse.

Le gamin,  en s’appuyant sur l’épaule de son papa et le regard tourné vers sa maman, témoigne de son amour envers ses parents. Son sourire indique aussi qu’il est heureux et fier que l’on s’intéresse à eux.

Et moi, au même moment, j’étais content d’avoir apporté un peu de joie à cette famille.

Comme quoi le bonheur ne tient qu’à un fil… de pêche !

J’ai parlé avec ces gens et, en fait, comme le gamin avait eu des beaux points à l’école, le papa lui avait promis d’aller pêcher le week-end.

Mais la photo ne montre pas les tas d’immondices autour d’eux et les bouteilles en plastique qui flottaient dans l’eau… et ne parlons pas de l’odeur !

Je ne crois pas qu’ils auraient attrapé du poisson, mais peu importe, car l’important est qu’ils étaient heureux d’offrir à leur fils un peu de temps et de tendresse.

Cette photo fut pour moi une révélation, car depuis lors j’adore photographier les gens. »

Jean-Marie Vandermueren, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles