Même s’il est indispensable, dans certains cas, de prendre rapidement une photographie, reconnaissons que de nombreux photographes semblent ne pas avoir souvent mis en pratique la réflexion de Frank Horvat qui affirme que la photographie est « l’art de ne pas presser sur le bouton ».
Depuis que nous sommes passés de l’argentique au numérique l’on a cru comprendre qu’il fallait pousser sur le bouton le plus souvent possible, en toutes circonstances, en tous lieux et à tout moment. Comme si l’acte photographique était un acte purement machinal. C’est oublier que la photographie est avant tout un art lié à la prise de vue qui exige souvent un instinct de l’attente et non de la précipitation.
Attente, mais aussi patience et donc refus. Avoir la patience d’attendre le bon moment, le sujet non anecdotique, la lumière que l’on souhaite. Refuser de photographier l’insignifiant ou le mille fois vu sous le même angle. Refuser de photographier, car ce que l’on voit réellement sera mille fois plus « beau » ou plus « intéressant » ou plus « juste » que sa reproduction (encore que la photographie n’est jamais la reproduction du réel !).
Se retenir de déclencher, car l’angle n’est pas le meilleur, l’expression n’est pas la plus juste, la lumière n’est pas la plus adéquate, le sujet n’est pas le plus intéressant, parce qu’on pourra toujours refaire la même photo ou simplement parce que l’on refuse l’image ressassée…
Refuser de déclencher, c’est parfois recharger sa batterie intérieure pour reconnaître enfin l’image que l’on attendait…
Jean-Pierre Leclercq, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles