L’histoire d’une image : une photographie de Benoit Lanis

BENOITLANIS

Ou je dirais plutôt, « histoire d’une rencontre » …

Dimanche 4h00 du matin. Le téléphone, posé sur la table de nuit, sonne sa tendre petite mélodie. Je saute dessus et l’éteins pour que ma douce ne se réveille pas. Je quitte difficilement les bras de Morphée, mais le souvenir de mon affût infructueux de la veille me trotte encore dans la tête. Rien, pas une photo valable, mais, surtout, pas une rencontre tant attendue avec le maître de la forêt… nommé « cerf » !

Toujours couché dans le lit bien chaud, j’écoute… Le temps pourri de la veille nous a-t-il enfin quittés ? Cela semble être effectivement le cas, mais le vent souffle fort.

J’hésite à sortir de ce doux cocon et pense même à la dure semaine de travail qui me guette. Et si je restais au lit, bien au chaud, à attendre que les enfants se lèvent ?

Une dizaine de minutes de somnolence plus tard , je m’extirpe délicatement du lit et, à la lueur de ma lampe de poche, je commence à m’habiller chaudement : pantalon de camouflage, damart, grosses chaussettes, pull kaki. Je quitte le chalet en prenant au passage le matériel méticuleusement préparé la veille.

Dehors , tout est calme et noir… un noir profond , inquiétant et exaltant à la fois.
Je monte dans la voiture et, une dizaine de minutes plus tard, je me trouve à une des entrées du bois. Une marche d’une trentaine de minutes, à la seule lueur de la lune, m’emmène à l’endroit que j’avais prévu. Je me glisse sous mes filets de camouflage et commence alors une longue attente dans le froid la nuit.

De mes sens, seuls l’ouïe et l’odorat me sont utiles… il fait encore trop noir !

Après de longues heures à attendre, toujours rien… La poisse de la veille me poursuivrait-elle ?

7h00 , un bruit curieux se fait entendre au dessus de moi. Génial, une montgolfière ! C’est encore raté pour au moins une demi-heure heure avant qu’un animal ne décide de ressortir. J’en profite pour traîner un peu, de toutes façons ce sera un week-end raté pour la photo !

7h24, ma marche est lente et la plus silencieuse possible quand, tout à coup, une biche part en courant tout en poussant son aboiement caractéristique… trop rapide pour que je puisse l’immortaliser ! Mais, au même instant, je ressens une étrange impression : je me sens observé ! Doucement, je me retourne et vois, au pied d’un bouleau, un jeune faon. Son mimétisme est parfait. Seule son inquiétude visible au travers de ses deux grands yeux noirs trahit sa présence. Je pose doucement mon trépied et prends quelques clichés avant de repartir tout aussi doucement. Il avait davantage besoin de sa mère que de l’homme pour le rassurer !

Voici donc l’histoire d’une photo qui, hormis son caractère purement photographique, laisse à chaque fois dans ma mémoire des souvenirs indélébiles de rencontre, de proximité et de respect avec la faune sauvage.

Benoit Lanis, membre du Photo-Club de Pont-à-Celles